Médiologie
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Sils Maria : un paysage sous le regard de Proust

A propos de paysage et à propos de Proust :

Nous nous sommes aimés dans un village perdu d’Engadine au nom deux fois doux : le rêve des sonorités allemandes s’y mourait dans la volupté des syllabes italiennes, À l’entour, trois lacs d’un vert inconnu baignaient des forêts de sapins. Des glaciers et des pics fermaient l’horizon. Le soir, la diversité des plans multipliait la douceur des éclairages. Oublierons-nous jamais les promenades au bord du lac de Sils-Maria, quand l’après-midi finissait, à six heures ? Les mélèzes d’une si noire sérénité quand ils avoisinent la neige éblouissante tendaient vers l’eau bleu pâle, presque mauve, leurs branches d’un vert suave et brillant. Un soir l’heure nous fut particulièrement propice ; en quelques instants, le soleil baissant, fit passer l’eau par toutes les nuances et notre âme par toutes les voluptés...

La suite in Les plaisirs et les jours, XXII. « Présence réelle ».