Médiologie
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La médiologie de A à Z

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Technique

Peut être qualifié de technique, en général, toute compétence, performance ou invention qui ne s’inscrivent pas dans le programme génétique de l’espèce.

La rhétorique est une technique (l’apprentissage des procédés donnant à la parole une efficacité maximale sur un auditoire donné), mais la parole en elle-même n’est pas une technique car, sauf anomalie, tout être humain dûment socialisé a une compétence innée pour apprendre à parler, non pour écrire. La preuve : il existe dans l’histoire des sociétés sans écriture, mais on n’en connaît pas de muettes. L’écriture est donc une technique. C’est dire qu’un système technique – en l’occurrence, de notation graphique – n’est ni héréditaire ni inné. L’alphabet vocalique relève de l’accident heureux. Le fait technique est placé sous le signe de la contingence. R.D.

Technologie

Anglicisme souvent emphatique, superlatif savant de technique, passé dans le langage courant. Devrait seulement, en fait, s’appliquer à l’étude systématique des objets et évolutions techniques (Beckmann, 1777), discipline illustrée en France par Leroi-Gourhan, Haudricourt, Bertrand Gille, Simondon, etc. R.D.

Temps

Trace

La trace n’est pas seulement ce qui reste d’une croyance, d’un savoir ou d’une opinion, mais l’une des conditions nécessaires à leur émergence et leur propagation. Car tout système symbolique est en lui-même un système de traces, anticipant sa transmission par l’adoption ou la production d’un régime d’inscription spécifique.

La trace suppose un support, un outil, une technique d’écriture et de lecture, un régime sémiotique, une méthode d’indexation, de contrôle et de conservation et un dispositif de diffusion. Religions, idéologies et doctrines s’articulent donc autour d’une certaine économie des traces, qui ordonne leurs modes d’enregistrement, de stockage et de circulation. Point de convergence entre des savoir-faire, des cultures, des acteurs et des technologies, la trace témoigne d’une organisation du collectif par l’organisation de la matière. On s’intéressera donc autant à la cohésion des systèmes de traces, qu’à leur évolution : soit des chaînages, comme celui qui relie la trace imprimée au savoir critique et encyclopédique, en passant par le papier, le plomb, la presse, l’édition, l’école, la bibliothèque, la composition, la classification… ; soit des tendances, comme la miniaturisation, l’accélération, la multiplication, l’automatisation ou la virtualisation des traces.

Vidéosphère

Définition vidéosphère

Succède à la graphosphère. Période de l’esprit humain ouverte par l’électron, relayé et amplifié par le bit. Culture de flux (électronique) ou du fragment (numérique), le support axial glisse de la page à l’écran. Retour en force de la ligne Chair. Intégration des ethnies dans un ensemble techno-planétaire (l’ubiquité – instantanéité), avec désintégration récessive des totalités héritées de la graphosphère (effet-jogging) – empires territoriaux, États-nations, classes, Partis, Églises, etc. R.D. …ça se discute (voir l’article ’Ceci ne tuera pas cela’ dans les Cahiers de médiologie n°6). L.M.

Zapper

La télécommande est-elle l’outil-symptôme d’un individualisme exacerbé, ou l’accès du téléspectateur au pouvoir éditorial et le premier degré d’une naissante interactivité ?

Le petit écran encourage une attention picoreuse et velléitaire. Le tactile s’y mêle au visuel, on ne contemple pas l’image, on la tient au bout de ses doigts ; on pianote à la recherche (utopique) d’un programme plein, sans temps morts ni « tunnels ».

Ton monde n’est pas le mien, dit le zappeur, tu m’embêtes ! (…) Démocratique par excellence, ce geste privilégie l’échantillon, le micro et la forme clip, soit le triomphe d’une certaine télé : celle qui ne développe rien, et parle à peine, qui préfère le massage au message, qui affirme « sans transition » le choc visuel et le rythme, le pur brassage d’étincelles.
La menace du zapping pèse à l’écran sur chaque énonciateur, qui doit prévenir l’ennui du téléspectateur moyen en autozappant son discours ou ses images. (Daniel Bougnoux).

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